En amont du ciné-débat du 24 avril (voir événement), nous vous proposons de découvrir plus en détail le projet Caliopen porté par Laurent Chemla.
« De très nombreux projets de messagerie sécurisée ont démarré en réaction aux révélations d’E. Snowden : MailPile, Black mail Alliance, Bimessage et ProtonMail sont les plus connus, mais il en existe probablement des centaines d’autres.
Pourtant, aucun d’entre eux ne répond à la question soulevée par l’événement.
Snowden n’a pas révélé que les espions espionnaient leurs cibles: il a montré que – pour trouver ces cibles – ils espionnaient la totalité de la population. Et c’est bien ce point qui pose problème: c’est la surveillance de masse, celle de monsieur tout-le-monde, qui crée une suspicion généralisée incompatible avec les grandes valeurs démocratiques.
Or, ce que propose chacun des projets évoqués plus haut, c’est de permettre à quelques-uns – les plus technophiles ou les plus paranos – de protéger les communications qu’ils échangent entre eux. À l’évidence, les courriers qu’ils échangeront avec la grande masse des utilisateurs – qui n’auront ni la volonté, ni les compétences pour changer d’habitudes – ne seront pas mieux protégés. Quant au reste du monde, la très grande majorité, elle continuera d’utiliser les outils qu’elle utilise depuis 10 ans et restera donc aussi peu protégée qu’avant.
Ils sont à côté de la plaque.
À l’inverse de ces solutions, Caliopen ne propose pas de « SMTP sans metadata », ni « la même chose que Gmail en plus sécurisé » ni aucun autre service qui contraindrait ses utilisateurs à accepter de changer d’email et à quitter un service gratuit pour ce qui leur apparaîtrait comme un simple équivalent payant, ou carrément à choisir un outil incompatible avec ceux qu’utilisent leurs proches: Caliopen propose « autre chose ».
Après de nombreux mois passés à ne penser que design et fonctionnalités, Caliopen a décidé de proposer un service qui permettra à ceux qui le voudront de réunir, au sein d’une interface unique, toutes leurs conversations privées. Leur email bien sûr (qui pourra rester le même), mais aussi leurs échanges privés via Facebook, ou Twitter, leurs échanges écrits via Skype ou autre système de chat en ligne, voir dans un futur probable, leurs SMS.
Une conversation, dans Caliopen, n’est définie ni par son mode de transport ni par son thème (Sujet) mais par les personnes qui y participent. Elle reste unique tant qu’elle dure, quelles que soient les méthodes utilisées pour échanger. Si quelqu’un vous a donné son téléphone un jour, vous n’aurez plus à fouiller dans vos 15 comptes pour trouver où. Si vous voulez partager un document avec vos proches sans avoir à l’envoyer via plusieurs réseaux selon qu’ils sont ou non sur Facebook, vous le pourrez.
C’est ce nouveau service que propose Caliopen. C’est lui qui permettra, peut-être de convaincre une masse assez grande d’utilisateurs de l’adopter, et, ensuite, de faire évoluer leur compte – grâce à une interface utilisateur pensée dans cette optique – vers plus de sécurité.
Caliopen n’est pas une ‘solution de messagerie sécurisée’, parce que ces dernières n’ont pas d’avenir, mais ‘autre chose’ qui en intéressant potentiellement le grand public, pourra l’emmener vers un comportement plus sécurisé dans sa gestion de la correspondance privée. »
Qui est Laurent Chemla ?
Laurent Chemla est un informaticien et entrepreneur français, précurseur dans le domaine d’Internet.
Il a participé à la mise en place du BBS pour le support des développeurs Atari.
Il est le premier informaticien français à avoir été inculpé puis relaxé pour piratage informatique depuis un Minitel, en 1986.
Durant les années 1990, il est employé dans l’entreprise française BrainStorm où il participe au développement de logiciels sur la gamme de micro-ordinateurs Atari 16/32 bits (ex: Atari ST).
En 1999 il fonde Gandi (Gestion et attribution des noms de domaine sur Internet), principal registrar français avec Valentin Lacambre, Pierre Beyssac et David Nahmias.
En 2002, Laurent Chemla écrit le livre Confessions d’un voleur : Internet, la liberté confisquée, où il décrit sa vision d’Internet : « Je me souviens qu’à cette époque, quand je disais “Internet”, mes amis me regardaient comme si je débarquais d’une autre planète. J’avais beau leur dire que ce bidule allait révolutionner le savoir humain, ils me regardaient d’un air apitoyé et retournaient à leur travail. »
En 2013, après que PRISM (programme de surveillance) a été révélé, il annonce vouloir relancer son « projet Caliop », une plateforme de courrier électronique à même de garantir la confidentialité des communications, en créant un réseau chiffré suffisamment large pour être sécurisé de bout en bout. Il explique lors d’une conférence le 23 octobre 2014 que l’échec du chiffrement PGP est dû à l’absence de contact sécurisés et donc impossibilité de chiffrer sa correspondance. Caliop a pour objectif de créer un environnement social suffisamment grand pour assurer la sécurité et la confidentialité des communications des utilisateurs le souhaitant.
Le 28 mars 2014 il intègre le comité stratégique de l’association La Quadrature du Net.
(Source: Wikipédia)
Liens utiles:
https://github.com/Caliopen
https://www.caliopen.org/