Dans le cadre des activités de l’Agence des Aires marines protégées à Brest, et notamment du troisième colloque national des aires marines protégées qui se tient au Quartz du 6 au 8 octobre 2015, et dans un contexte général de défense de la biodiversité, d’expériences de sciences participatives et de COP21, Brest métropole et l’Agence des Aires marines protégées ont commencé à travailler sur un Hackathon autour de la valorisation des données produites et recueillies par l’Agence des Aires marines protégées et ses interlocuteurs.
Une première session d’information sur ce projet se déroule le 6 octobre, pendant le colloque, à destination des professionnels qui y participent (opérateurs et gestionnaires des Aires marines protégées…).
Une deuxième session d’information et d’idéation, à destination des développeurs, designers, amoureux de la donnée, férus de sciences participatives ou simples usagers d’aires marines protégées a lieu à la Cantine numérique brestoise, le lundi 12 octobre de 18h à 20h.
On va d’abord voir ce qu’est un Hackathon, quelles sont ces sessions d’information et d’idéation, qui est à la manœuvre, et dans quelques jours un petit compte-rendu de la première session.
Qu’est-ce qu’un Hackathon ?
Notez le grand H.
Il y a hackathon et hackathon (notez le petit h).
Le terme désigne un concept qui a été décliné de diverses manières et parfois un peu dévoyé (on va voir comment), ce qui fait que beaucoup aujourd’hui ont des suspicions quand ils l’entendent. Il reste cependant pratique et percutant ; il faut donc l’accompagner de précautions d’usage…
Un hackathon est un événement réunissant à l’origine sur plusieurs jours (2-3 jours, ou un week-end étendu) des équipes de développeurs pour résoudre, rapidement et en continu (idée de marathon), un problème avec des approches différentes (plusieurs équipes de développeurs en parallèle), nouvelles et débrouillardes (idée du hack). Il se déroule de manière comparable à un startup week-end par certains égards, avec la présentation des projets possibles un vendredi soir, du travail en équipe avec des mentors qui viennent aider en cours de route, et la présentation des résultats devant un jury le dimanche soir. De nombreuses variantes sont cependant envisageables (équipes déjà formées avant l’événement, par exemple). Les équipes sont de plus en plus multidisciplinaires (non constituées uniquement de développeurs), et les profils souhaités sont décrits sur le site web d’inscription (un site qui est un élément essentiel de documentation du hackathon).
Repérés par de grandes entreprises qui ont vu dans ce format d’événement un bon moyen de codévelopper des idées avec des tiers (équipes de développeurs hors prestataires, startups, usagers…), selon des principes d’innovation, des hackathons «deuxième formule» (qui n’étaient donc plus seulement organisés par des développeurs, pour des développeurs) ont rapidement eu mauvaise presse, quand il s’est avéré que les conditions de participation et de gestion de la propriété intellectuelle produite étant en défaveur des participants, et qu’une fois terminés, rien ne sortait vraiment de ces événements. Dès lors, le terme «hackathon» a été associé dans l’esprit de beaucoup de participants potentiels, ou dans celui des structures proposant des formats d’événements nouveaux (tiers-lieux, cabinets de conseil en innovation…), à des valeurs plutôt négatives, et à manipuler avec de grandes pincettes…
Il serait pourtant dommage de se priver de ce terme, à partir du moment où on imagine un événement aux règles claires et aux objectifs utiles pour toutes les parties.
Dans le même temps des formats similaires aux hackathons sont apparus, empruntant des méthodologies d’autres événements qui n’avaient pas valeur de marathon (mais tout de même celles du hack, en particulier dans les événements de type Reboot ou Remix (MuseoMix par exemple)), et surtout, s’étalant dans le temps avec des périodes préalables de réflexion, d’idéation, et des périodes en aval pour valoriser les réalisations, le hackathon n’étant qu’un événement majeur au centre du processus pendant lequel toutes les équipes «mettent le paquet». Les méthodologies sont le plus souvent publiées sous licence libre, chacun les améliorant et reversant au pot commun les découvertes en matière d’animation d’événements collaboratifs. Un ensemble de valeurs est associé à ces événements, qui respectent la propriété intellectuelle de toutes les parties prenantes et font en sorte que tout ce qui est inventé à l’occasion de ces événements perdure ensuite. Chaque événement adapte / augmente ces valeurs selon l’écosystème sur lequel il repose, et selon les thématiques qu’il traite.
C’est ce type de projet qui se met en place avec Brest métropole et l’Agence des Aires marines protégées. Et tant que nous n’avons pas choisi ensemble un mot qui désignera cette série d’événement, on écrit Hackathon avec un H pour désigner un groupe d’événements qui contient un hackathon proprement dit, mais s’étend en amont avec des rencontres préparatrices, et en aval avec des séquences de valorisation.
Sessions d’idéation en amont
Nous en sommes donc aux deux premières sessions d’information et d’idéation sur le projet, l’une avec ceux qui produisent et gèrent les données d’une Aire marine protégée, et l’autre avec les développeurs, designers, utilisateurs qui vont être sollicités pour jouer avec ces données et en faire… eh bien on ne sait pas encore quoi, justement !
Cette deuxième session du 12 octobre servira donc à découvrir ce qu’est une Aire marine protégée, quels types de données elle gère, et ce qui pourrait en être fait, suite au recueil de besoins et d’envies et d’idées folles qui vont émerger le 6, recueil facilité par la rencontre préalable des participants du 6 avec des projets existants (tables interactives, jeux, expériences de sciences participatives, et également le projet Remora porté par la Cantine).
On en profitera également pour jeter les bases d’une charte du Hackathon et voir quels jalons supplémentaires seraient nécessaires avant le hackathon proprement dit (dont la date n’est pas encore fixée, mais qui aura lieu entre mars et juin). Ce sera aussi l’occasion de voir comment Brest2016 peut s’inscrire dans cet agenda…
Qui organise ?
Brest métropole et l’Agence des Aires marines protégées sont les commanditaires de ce Hackathon. J’ai (Aymeric) été sollicité pour accompagner (au titre de mon entreprise) cette démarche, et j’ai proposé (au titre de vice-président de la Cantine) que la Cantine soit associée également et sur le long terme à cette démarche. L’objectif est de mobiliser l’ensemble du biotope BrestTech+ sur ce sujet.
Compte-rendu de la première session d’information
Cette première session d’information s’est donc tenue pendant le colloque des Aires marines protégées et a réuni une vingtaine de personnes. Pas assez pour faire un tour suffisamment important des besoins, mais assez quand-même pour avancer quelques idées. Et notamment que le hackathon (qui pourrait se tenir en mai pour profiter du beau temps et aller sur le terrain) devrait s’attacher à la résolution de défis (plutôt que mettre en musique des projets). Et voici quelques sources d’inspirations pour ces défis (sous forme de verbatim) :
- Les règlementations varient d’une zone à l’autre, les types de données varient d’une zone à l’autre.
- Le public ne sait pas nécessairement qu’il se trouve ou vient d’entrer dans une zone d’aire marine protégée.
- Dès qu’on travaille sur de la donnée environnementale, on travaille sur de la donnée, et de la métadonnée, publiques.
- On peut vite être perdus dans la masse de données à gérer, celle qui arrive des bénévoles, et celle qu’il faut redispatcher à de nombreuses instances, en fonction du type de zone gérée (qui relèvent parfois de plusieurs labellisations).
- Il faudrait harmoniser la manière de rentrer ces données.
- Ce serait une vraie plus-value de faire de la communication temps-réel d’un site vers la terre et vers des bateaux au large.
- Il faut que les communications sous l’eau ou en surface se fassent sans perturbation du milieu.
- Dans les sciences participatives, le taux d’abandon (démotivation) par les bénévoles peut venir de diverses raison. Par ex. si les données qu’ils collectent ne sont rendues publiques qu’un an après (reconnaissance). Ou si pour les renvoyer aux gestionnaires, il faut une procédure complexe en revenant chez soi (plutôt que de tout faire sur place via son mobile).
- Utiliser moins de papier et plus de numérique (notamment sur le terrain) pendant les enquêtes publiques, par exemple de création de parcs éoliens, de parcs marins…
- Avant de créer de nouveaux outils, il y a moyen d’améliorer les outils existants.
Quelques échanges ont eu lieu également sur les différences entre la gestion de ce type de zones en France et ailleurs. Par exemple, l’Histoire en France rendrait plus difficile de demander au public de signaler les infractions (pêches abusives par ex.) dont ils auraient connaissance dans une Aire marine protégée.
Nous envisageons un hackhaton entre 120 et 200 personnes (équipes de 5-6 personnes) dont une trentaine au moins de britanniques.